BIBLIOTHÈQUE DE L’ANTIQUITÉ TARDIVE
PUBLIÉE PAR L’ASSOCIATION POUR L’ANTIQUITÉ TARDIVE
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BIBLIOTHÈQUE DE L’ANTIQUITÉ TARDIVE
PUBLIÉE PAR L’ASSOCIATION POUR L’ANTIQUITÉ TARDIVE
c/o Bibliothèque d’Histoire des Religions
Maison de la Recherche de l’Université de Paris-Sorbonne (Paris IV)
28 rue Serpente 75006 Paris (France)
Cette collection sans périodicité régulière, éditée par Brepols Publishers, est conçue comme la série de suppléments à
la revue Antiquité tardive publiée depuis 1993 par l’Association chez le même éditeur. Elle est composée de monographies,
de volumes de Mélanges ou de Scripta Varia sélectionnés soit par l’Association avec l’accord de l’éditeur soit par l’éditeur
avec l’agrément de l’Association dans le domaine de compétence de l’Association : histoire, archéologie, littérature et
philologie du ive au viiie siècle (de Dioclétien à Charlemagne). Un conseil scientiique procède à la sélection et supervise
la préparation quand elle est assurée par l’Association, sous la responsabilité du Conseil d’Administration dont voici la
composition actuelle :
Président : F. Baratte, professeur d’archéologie de l’Antiquité tardive, Université Paris-Sorbonne.
Vice-présidente : G. Cantino Wataghin, professoressa di Archeologia Cristiana e Medievale, Università del Piemonte
Orientale, Vercelli.
Secrétaire : Th. Rechniewski <thierry.rechniewski@wanadoo.fr>.
Trésorier : M. Heijmans, ingénieur de recherches au CNRS, Centre Camille Jullian (Aix-en-Provence) <heijmans@
wanadoo.fr>.
Membres : J.-P. Caillet, professeur d’histoire de l’art du Moyen Âge, Université Paris Ouest-Nanterre ; J.-M. Carrié,
directeur d’études, École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris ; J. Dresken-Weiland, Priv. Doz., Université de
Göttingen ; A. S. Esmonde Cleary, professor, Department of Archaeology, University of Birmingham ; N. Gauthier,
professeur émérite d’histoire romaine, Université de Tours ; H. Hellenkemper, Direktor, Römisch-Germanisches Museum,
Köln ; G. Ripoll, profesora titular de arqueología, Universitat de Barcelona ; J. Terrier, archéologue cantonal, Genève.
Déjà paru :
1. Khirbet es Samra 1 sous la direction de J.-B. Humbert et A. Desreumaux et sous le patronage de l’École Biblique et
Archéologique Française et du Centre d’Étude des Religions du Livre (CNRS), 1998.
2. A. Michel, Les églises d’époque byzantine et umayyade de Jordanie (provinces d’Arabie et de Palestine), ve- viiie siècle.
Typologie architecturale et aménagements liturgiques (avec catalogue des monuments), 2001.
3. Humana sapit. Études d’Antiquité tardive offertes à Lellia Cracco Ruggini, édité par J.-M Carrié et R. Lizzi, 2002.
4. N. Thierry, La Cappadoce de l’Antiquité au Moyen Âge, 2002.
5. Mélanges d’antiquité tardive. Studiola in honorem Noël Duval, édité par C. Balmelle, P. Chevalier et G. Ripoll, 2004.
6. The Past Before Us. The Challenge of Historiographies of Late Antiquity, édité par C. Straw et R. Lim ; Actes du colloque tenu à Smith College (Northampton, MA) en 1999, 2005.
7. A. Chavarría Arnau, El inal de las uillae en Hispania (siglos IV–VIII, préface de G. Ripoll et de J. Jarnut, 2006.
8. H. Brandenburg, Ancient Churches of Rome from the fourth to the seventh century. The dawn of Christian Architecture
in the West, photographs by A. Vescovo, trad. de l’allemand par Andreas Kropp, 2005.
9. L. Khroushkova, Les Monuments chrétiens de la côte orientale de la Mer noire (Abkhazie), ive- xive siècles, 2007.
10. Stucs et décors de l’Antiquité tardive au Moyen Âge, Actes du Colloque (Auxerre, 2005), édité par Chr. Sapin, 2007.
11. Renée Collardelle, La Ville et la mort. Saint-Laurent de Grenoble, 2000 ans de tradition funéraire, 2008
12. M. Fixot et J.-P. Pelletier, Saint-Victor de Marseille, Étude archéologique et monumentale, 2009.
13. Saint-Victor de Marseille, Études archéologiques et historiques. Actes du Colloque Saint-Victor, Marseille, 18-20
nov. 2004, édité par M. Fixot et J.-P. Pelletier, 2009.
14. St. Ratti, « Antiquus error ». Les ultimes feux de la résistance païenne, Scripta varia augmentés de cinq études inédites,
préface de J.-M Carrié, 2010.
15. Nina Iamanidzé, Les installations liturgiques sculptées des églises de Georgie (vie-xiiie siècles), 2011.
16. Maria Xanthopoulou, Les Lampes protobyzantines, préface de J.-P Sodini, 2010.
17. Carte des routes et des cités de l’est de l’Africa à la in de l’Antiquité. Nouvelle édition de la carte des Voies romaines
de l’Afrique du Nord conçue en 1949 par P. Salama, coordonnée par J. Desanges, N. Duval, Cl. Lepelley et S. SaintAmans. Cartographie par l’IGN avec le concours de P. Bazin et M. Benabbès.
18. Silvio Carella, Architecture religieuse haut-médiévale en Italie méridionale : le diocèse de Bénévent, 2011.
19. A. Borrut, M. Debié, A. Papaconstantinou, D. Pieri et J.-P. Sodini (éd.), Le Proche-Orient de Justinien aux Abbassides.
21. Manuela Studer-Karlen, Verstorbenendarstellungen auf frühchristlichen Sarkophagen.
Sous presse :
20. Marie-Christine Comte, Les reliquaires paléochrétiens de Syrie et de Chypre.
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LE GROUPE ÉPISCOPAL
DE FRÉJUS
Sous la direction de Michel Fixot
F
Légende de la photo de couverture : Le groupe épiscopal, vue du sud (© Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Inventaire
général, M. Heller).
© 2012 Brepols Publishers n.v., Turnhout, Belgium
All rights reserved. No part of this publication may be reproduced,
stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means,
electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise,
without the prior permission of the publisher.
D/2012/0095/173
ISBN 978-2-503-54763-5
Printed in the E.U. on acid-free paper
Le livre a été composé et mis en page par Hélène Mella (NHA, Six Fours les Plages)
TABLE DES MATIÈRES
PRÉFACE .......................................................................................................................................................... 11
INTRODUCTION.............................................................................................................................................13
CHAPITRE 1 : UNE « CATHÉDRALE DOUBLE » ET SON IMAGE .............................................21
1 – UN APERçU DES SOURCES ............................................................................................................................. 24
2 – LA DOCUMENTATION ECCLÉSIASTIQUE D’ÉPOQUE MODERNE .......................................................... 26
3 – LES « VOyAGEURS » ......................................................................................................................................... 33
4– LE TEMPS DU VANDALISME CATHOLIQUE : E. LANTOIN ....................................................................... 34
5 – LE RETOUR DE LA SENSIBILITÉ POUR L’ÉPOQUE MÉDIÉVALE :
L. OHNET ET F. DE GUILHERMy........................................................................................................................... 41
6 – UN ARCHITECTE PRESTIGIEUX : H. REVOIL ET LA QUESTION DES ORGUES................................. 49
7 – APPRÉCIATIONS ET RESTAURATIONS AVANT LA LOI DE SÉPARATION ............................................. 58
8 – L’ÉRUDITION LOCALE : LE CHANOINE ESPITALIER ............................................................................... 63
9 – FORMIGÉ, PèRE ET FILS................................................................................................................................... 65
10 – LE TEMPS DU DOCTEUR DONNADIEU....................................................................................................... 68
11 – P.-A. FÉVRIER ET LA « CATHÉDRALE DOUBLE » ................................................................................... 71
12 – VERS L’IMAGE ACTUELLE ............................................................................................................................. 74
À propos de la lèche ................................................................................................................................................ 74
La campagne des années 1960.................................................................................................................................. 80
Les dernières interventions intérieures ..................................................................................................................... 83
CHAPITRE 2 : À LA RECHERCHE DE LA CATHÉDRALE DE L’ANTIQUITÉ TARDIVE .....85
1– ENTRE RICOUX, ANTIQUITÉ TARDIVE ET XIe SIèCLE .............................................................................. 85
2 – À LA RECHERCHE DES PARTIES ANTIQUES DE LA CATHÉDRALE : LE MUR NORD DE
LA TOUR-PORCHE ET LE MUR OUEST DE LA NEF SAINT-ETIENNE, ÉTUDE CRITIQUE ...................... 92
Le réexamen des élévations ...................................................................................................................................... 92
Les observations de 1988 et leurs conséquences sur l’histoire du monument ......................................................... 96
En forme de conclusion provisoire ........................................................................................................................... 98
3 – LE MUR OUEST ET LA RECHERCHE DES ORIGINES DE LA TOUR-PORCHE ..................................... 99
4 – AU PIED DU MUR SUD DE LA CATHÉDRALE ......................................................................................... 104
Dans la première travée : du sol paléochrétien à l’autel du Saint-Sacrement ...................................................... 104
Dans la deuxième travée : du sol paléochrétien aux limites du chœur canonial. ....................................................111
L’organisation intérieure au commencement de l’époque moderne. .......................................................................113
Le monument funéraire des Camelin (Elisabeth Sauze) .........................................................................................117
Le « chœur ouvert » .................................................................................................................................................118
5 – LE PROBLèME DE L’ÉLÉVATION DU MUR SUD ...................................................................................... 122
6 – LA FOUILLE DE LA DERNIèRE TRAVÉE DE LA NEF MÉDIÉVALE : DE L’AUTEL DE
MONSEIGNEUR DE BAUSSET À LA MOSAïQUE DU CHœUR PALÉOCHRÉTIEN .................................... 125
La fondation de l’autel majeur, les inhumations
épiscopales, les caveaux funéraires et les stalles .................................................................................................. 125
Le retable de l’Assomption (Elisabeth Sauze) ....................................................................................................... 139
La mosaïque paléochrétienne et son encadrement architectural ............................................................................ 141
Interprétation et discussion ..................................................................................................................................... 146
7 – POUR CONCLURE ............................................................................................................................................. 149
CHAPITRE 3 : LE BAPTISTÈRE, ENTRE ANTIQUITÉ TARDIVE
ET PARTIS DE RESTAURATION D’ENTRE-DEUx-GUERRES .......................................................153
1 – L’ÉPOQUE MODERNE ...................................................................................................................................... 153
2 – E. LANTOIN ET LE TRAITEMENT DE LA FAçADE SUD DE LA CATHÉDRALE ............................... 158
3 – LE PROCESSUS DE LA RESTAURATION DE J. FORMIGÉ ....................................................................... 166
Un baptistère « mérovingien »................................................................................................................................ 171
Un baptistère de la in du IVe ou du commencement du Ve siècle .......................................................................... 176
4 – LE MONUMENT PALÉOCHÉTIEN .................................................................................................................. 190
Le contexte archéologique ..................................................................................................................................... 190
Le plan et les sols.................................................................................................................................................... 192
L’élévation .............................................................................................................................................................. 197
Le couvrement ........................................................................................................................................................ 201
L’organisation intérieure ......................................................................................................................................... 204
En forme de conclusion .......................................................................................................................................... 210
5 – LES CHAPITEAUX (V. GAGGADIS-ROBIN) ..................................................................................................211
Chapiteau nord/ouest, n° 1 ......................................................................................................................................211
Chapiteau nord/est, n° 2 ......................................................................................................................................... 213
Chapiteau ouest/sud, n° 3 ....................................................................................................................................... 214
Chapiteau ouest/nord, n° 4 ..................................................................................................................................... 214
Chapiteau est/nord, n° 5 ......................................................................................................................................... 216
Chapiteau est/sud, n° 6 ........................................................................................................................................... 219
Chapiteau sud/est, n° 7 ........................................................................................................................................... 219
Chapiteau sud/ouest, n° 8 ....................................................................................................................................... 220
Conclusion .............................................................................................................................................................. 220
CHAPITRE 4 : LES TRACES DE LA GENÈSE PALÉOCHRÉTIENNE DU PALAIS
ÉPISCOPAL MÉDIÉVAL ET LE DEVENIR DE SA PARTIE OCCIDENTALE :
LA FOUILLE DE LA PLACE FORMIGÉ ..............................................................................................225
1 – LE CONTEXTE DES DÉCOUVERTES ............................................................................................................ 225
2 – LES TRACES DE LA DOMUS ePISCOPI ....................................................................................................... 230
Un premier état ....................................................................................................................................................... 230
Un deuxième état .................................................................................................................................................... 234
L’« annexe » à l’angle intérieur des galeries .......................................................................................................... 239
La surface au sud de la galerie méridionale .......................................................................................................... 240
3 – LES DONNÉES RELATIVES AU PALAIS ÉPISCOPAL D’ÉPOQUE MÉDIÉVALE ET MODERNE ....... 240
4 – LE DÉPOTOIR DU PALAIS ÉPISCOPAL : LA CÉRAMIQUE (Lucy Vallauri, Jean-Marie Michel) .......... 248
Les productions provençales et languedociennes ................................................................................................... 250
Les importations ..................................................................................................................................................... 255
5 – LE DÉPOTOIR DU PALAIS ÉPISCOPAL : LES VERRES (D. FOy)........................................................... 261
6 – LE CIMETIèRE MÉRIDIONAL ........................................................................................................................ 269
7 – LES RESTES DU CIMETIèRE MÉRIDIONAL, ÉTUDE D’ACCESSOIRES DU COSTUME
(Olivier Thuaudet) ....................................................................................................................................................... 270
ANNEXE : CATALOGUE DU MOBILIER ETUDIE.............................................................................................. 274
CHAPITRE 5 : LE MOyEN ÂGE PRÉROMAN ET ROMAN :
AUTOUR DE L’APPARITION DE LA NEF PAROISSIALE SAINT-ETIENNE ..............................275
1 – ENCORE LA QUESTION DE LA « CATHÉDRALE DOUBLE » :
LE SONDAGE DE LA CHAPELLE SAINT-JOSEPH............................................................................................. 275
La situation de la chapelle ...................................................................................................................................... 275
La fouille du sol ...................................................................................................................................................... 277
2 – LES DEUX PHASES ROMANES DE LA NEF SAINT-ETIENNE ................................................................ 281
Le mur nord, témoin d’un premier état roman ....................................................................................................... 281
Le mur sud témoin d’un second état roman ........................................................................................................... 284
La première travée .................................................................................................................................................. 287
La deuxième travée................................................................................................................................................. 288
La troisième travée et ses signes lapidaires ............................................................................................................ 290
La quatrième travée : le problème du chevet roman .............................................................................................. 294
La façade occidentale ............................................................................................................................................. 295
4 – LE CIMETIèRE NORD ...................................................................................................................................... 297
Le contexte et les circonstances de la découverte .................................................................................................. 297
Les tombes .............................................................................................................................................................. 301
Récapitulation ......................................................................................................................................................... 304
5 – ENTRE ANTIQUITÉ TARDIVE ET ÉPOQUE CAROLINGIENNE, LES VESTIGES DU
MOBILIER LAPIDAIRE (en collaboration avec yumi Narasawa) ......................................................................... 307
Antiquité tardive ..................................................................................................................................................... 309
Époque carolingienne ............................................................................................................................................. 313
CHAPITRE 6 : DU « ROMAN » AU « GOTHIQUE » :
LA RECONSTRUCTION DE LA NEF CATHÉDRALE NOTRE-DAME
ET SES CONSÉQUENCES SUR L’ARCHITECTURE DES DEUx ÉGLISES ................................329
1 – LA TOUR.............................................................................................................................................................. 329
Un objet énigmatique.............................................................................................................................................. 329
La première campagne de construction de la tour ................................................................................................. 333
La deuxième campagne de construction de la tour : les piles de la tour et le rez-de-chaussée du vestibule.......... 339
La troisième campagne de construction de la tour : l’articulation avec la nef Notre-Dame et la salle capitulaire 340
L’escalier en vis et la partie supérieure de la tour .................................................................................................. 343
En forme de conclusion .......................................................................................................................................... 346
2 – LA NOUVELLE NEF NOTRE-DAME .............................................................................................................. 349
3 – UNE ÉGLISE INTÉGRÉE DANS UN ENSEMBLE FORTIFIÉ : LA TOUR DE CHEVET........................ 356
4 – LES CONSÉQUENCES DE LA RECONSTRUCTION : L’ALLONGEMENT DE LA NEF
SAINT-ETIENNE ET LE REMODELAGE DE SA FAçADE ................................................................................ 360
5 – LE CHEVET DE LA NEF SAINT-ETIENNE ET LES INHUMATIONS ÉPISCOPALES
À LA FIN DU MOyEN ÂGE ................................................................................................................................... 365
Les tombes de Guillaume de Roufilhac et de Louis de Boulhac........................................................................... 365
La crosse et la bague découvertes dans la sépulture de monseigneur de Boulhac ................................................. 376
La chapelle latérale du chœur, la sacristie et la chapelle des Âmes du Purgatoire ................................................. 378
Des travaux au chevet de la nef Saint-Etienne ....................................................................................................... 389
La tombe de monseigneur Barthélemy Grassi ? ..................................................................................................... 390
Restes d’épitaphes d’époque moderne ................................................................................................................... 394
6 – L’AUTEL MÉDIÉVAL DE LA CHAPELLE SAINT-JOSEPH ......................................................................... 395
7 – DEUX LINTEAUX DE PORTE EN ARDOISE (Elisabeth Sauze) .................................................................. 398
8 – EN CONCLUSION .............................................................................................................................................. 400
CHAPITRE 7 : LE PALAIS ÉPISCOPAL (Elisabeth Sauze) ...............................................................403
1 – HISTORIOGRAPHIE ........................................................................................................................................... 403
2 – SOURCES ............................................................................................................................................................. 407
3 – DESCRIPTION DU PALAIS ÉPISCOPAL EN 1740 ........................................................................................ 409
4 – L’ÉPOQUE ROMANE ......................................................................................................................................... 423
5 – LE CHÂTEAU-FORT DES ÉVêQUES SEIGNEURS DE FRÉJUS................................................................ 429
La tour..................................................................................................................................................................... 432
L’enceinte fortiiée .................................................................................................................................................. 433
Le logis ................................................................................................................................................................... 434
6 – LE PALAIS GOTHIQUE (1250-1440) ............................................................................................................... 436
La cour .................................................................................................................................................................... 437
Le corps de bâtiment oriental : la grande salle ....................................................................................................... 437
Le corps de bâtiment sud-est : la chapelle .............................................................................................................. 441
Le corps de bâtiment d’angle : la grande chambre ................................................................................................. 447
La tour..................................................................................................................................................................... 447
Le corps de bâtiment sud : l’appartement de l’évêque ........................................................................................... 448
Le corps de bâtiment sud-ouest ............................................................................................................................. 449
Le corps de bâtiment occidental : l’oficialité ........................................................................................................ 450
Le corps de bâtiment nord-ouest : la cuisine .......................................................................................................... 450
Le corps de bâtiment nord : l’écurie ....................................................................................................................... 451
En conclusion ........................................................................................................................................................ 451
7 – LES REMANIEMENTS DU MILIEU DU XVe SIèCLE.................................................................................. 451
Les évêques............................................................................................................................................................. 451
Les travaux ............................................................................................................................................................. 452
8 – LES REMANIEMENTS DU MILIEU DE XVIe SIèCLE ................................................................................ 456
9 – LES AGRANDISSEMENTS DU XVIIe SIèCLE ET DU PREMIER TIERS DU XVIIIe SIèCLE ............... 458
10 – LE PALAIS EN 1740......................................................................................................................................... 461
Sous-sol .................................................................................................................................................................. 461
Rez-de-chaussée ..................................................................................................................................................... 461
Premier étage .......................................................................................................................................................... 461
Deuxième étage ...................................................................................................................................................... 462
Vers l’abandon du palais ......................................................................................................................................... 464
CHAPITRE 8 : L’ENSEMBLE CANONIAL ...........................................................................................467
1 – LE CLOîTRE AVANT LA LOI DE SÉPARATION .......................................................................................... 467
2 – J.-C. FORMIGÉ ET LE PROJET D’ISOLEMENT ........................................................................................... 472
3 – J. FORMIGÉ ET LA REPRISE DU PROJET ................................................................................................... 479
4 – LE PROCESSUS DE RESTAURATION ............................................................................................................ 480
5 – L’USAGE DES BÂTIMENTS ET LE PROJET MUSÉOGRAPHIQUE .......................................................... 492
6 – HISTORIOGRAPHIE (Elisabeth Sauze) ............................................................................................................. 496
7 – SOURCES (Elisabeth Sauze) ............................................................................................................................... 497
8 – APERçU HISTORIQUE (Elisabeth Sauze) ........................................................................................................ 498
9 – LES BÂTIMENTS (Elisabeth Sauze) ................................................................................................................. 501
Le plan d’ensemble................................................................................................................................................. 501
Le cloître ................................................................................................................................................................. 501
La prévôté ............................................................................................................................................................... 508
La salle capitulaire .................................................................................................................................................. 512
La théologale .......................................................................................................................................................... 515
Le grenier................................................................................................................................................................ 516
Le cellier ................................................................................................................................................................. 519
CHAPITRE 9 : QUELQUES DONNÉES TOPOGRAPHIQUES
À PROPOS DU QUARTIER CATHÉDRAL MÉDIÉVAL .....................................................................521
1 – DES MAISONS SUBSTITUÉES AU CIMETIèRE NORD ............................................................................. 521
La situation de l’îlot médiéval ................................................................................................................................ 521
Des traces d’occupation profane du cimetière ? ..................................................................................................... 523
L’aile nord ............................................................................................................................................................... 525
L’aile sud ................................................................................................................................................................ 526
Les vestiges d’ailes ouest et est .............................................................................................................................. 527
Quelles maisons, pour quelles fonctions ?.............................................................................................................. 528
2 – LA FOUILLE DU JARDIN DE L’ANCIEN HôPITAL : LE FOSSÉ DE LA RUE DE RICHERy :
LA PHASE 5 ............................................................................................................................................................... 531
Les données archéologiques ................................................................................................................................... 531
Le matériel céramique issu du comblement du fossé (phase 5) : un échantillonnage de la céramique
médiévale à Fréjus (Jean-Pierre Pelletier) .............................................................................................................. 532
Problèmes de topographie urbaine médiévale ........................................................................................................ 540
3 – LA FOUILLE DU JARDIN DE L’ANCIEN HôPITAL : LES PREMIèRES CONSTRUCTIONS
DU QUARTIER DU BOURGUET : LES PHASES 4 ET 3 ................................................................................... 540
Les vestiges archéologiques ................................................................................................................................... 540
La céramique de la phase 4 : un échantillonnage de la céramique médiévale à Fréjus, suite
(Jean-Pierre Pelletier) .......................................................................................................................................... 543
La céramique de la phase 3 : un échantillonnage de la céramique médiévale à Fréjus, suite
(Jean-Pierre Pelletier) ............................................................................................................................................. 546
4 – LA FOUILLE DU JARDIN DE L’ANCIEN HôPITAL : L’URBANISATION DU QUARTIER
DU BOURGUET À L’ÉPOQUE MODERNE : LES PHASES 2 ET 1.................................................................. 548
5 – FRÉJUS, PRODUCTION ET CONSOMMATION DE CÉRAMIQUE À L’ÉPOQUE MODERNE :
QUELQUES ILLUSTRATIONS ISSUES DU QUARTIER DE LA CATHÉDRALE (Guergana Guionova) ....... 551
CONCLUSION ...............................................................................................................................................563
BIBLIOGRAPHIE..........................................................................................................................................567
ENGLISH ABSTRACT : THE FRÉJUS CATHEDRAL COMPLEx ..................................................575
TABLE DES ILLUSTRATIONS ...............................................................................................................581
TABLE DES ILLUSTRATIONS – CAHIER COULEUR ......................................................................592
LA FOUILLE DE LA PLACE FORMIGÉ
rebord large, de proil concave se démarque nettement de
la partie inférieure légèrement tronconique. La fonction de
ces récipients, nombreux dans les habitats, n’est pas bien
établie : on peut y voir des sortes d’écuelles fragiles ou
bien des lampes qui pouvaient être posées ou suspendues.
La plupart de ces pièces sont décorées par souflage dans
un moule ou par l’application de ilets de verre colorés
qui dessinent des nervures rayonnantes sous les fonds, des
volutes sur les parois ou plus sobrement, comme ici, un
listel sur le rebord. Éclairées de l’intérieur, par la lamme
qui brûlait au-dessus de l’huile, ces ornementations étaient
parfaitement mises en valeur.
Les deux lacons à col cylindrique et panse bulbeuse
décorée de nervures bien imprimées sont plus originaux.
Bien que réalisés dans une matière vitreuse différente, leurs
proil et décor analogues laissent penser qu’ils sortent des
mêmes fabriques.
Il est impossible de déterminer avec assurance l’origine de
la verrerie en usage dans le palais épiscopal. Vraisemblablement – et contrairement à la céramique – toute la vaisselle de
verre pouvait provenir d’une aire de production proche, car
la Provence orientale comptait de nombreux ateliers de verriers qui fonctionnaient en utilisant des matières premières
locales (sable, soude de Camargue, verre cassé récupéré
dans les villes) à l’exception du cobalt ou « saffre », colorant
coûteux importé des mines de Freiberg (Allemagne)80. De
ces centres verriers sortaient des produits comparables à ce
qui se fabriquait dans les régions voisines ou plus éloignées.
La mobilité des artisans du verre, l’origine piémontaise d’un
grand nombre de ceux qui oeuvraient en Provence et les
échanges commerciaux expliquent les parentés observées
dans la verrerie du XIVe siècle, produite de la Catalogne
jusqu’à la Ligurie et le Piémont.
6 – Le
cimetière méridionaL
Dès la in du XIIe siècle, un cimetière est attesté sur
le lanc sud de la nef Notre-Dame et du baptistère, dans
l’angle formé avec l’aile occidentale du palais épiscopal
dans sa topographie d’alors, vestige de la première domus de
l’évêque (voir supra, chap. 4). En 1180, on apprend qu’une
partie d’un cimetière recevait la sépulture des prêtres et des
chanoines et qu’entre juridiction épiscopale et juridiction
canoniale, il devait être divisé par un mur percé d’une porte
(voir supra, chap. 2)). À cette date – mais était-ce avant ou
après la reconstruction de la nef Notre-Dame ? – le même
document fait état de l’aménagement d’une autre porte, dans
le mur de l’église, ain de permettre aux chanoines de desservir leur part. La disposition des lieux contraint à envisager
France méridionale du Bas-Empire à la in du Moyen Âge, dans
Journal of Glass Studies, 14, 1972, p. 77-116.
80. B. Gratuze, I. Soulier, J.-N. Barrandon, D. Foy, De l’origine
du cobalt dans les verres, dans Revue d’archéométrie, 6, 1992,
p. 97-108.
269
un emplacement au sud de l’église. Mais, confrontées aux
données archéologiques, elles-mêmes partielles, cette porte
reste énigmatique quant à son identiication. Répondant en
apparence aux termes même du texte de 1180, une porte
méridionale a en effet été mise au jour dans le mur sud de
la première travée de la nef actuelle (voir supra chap. 2).
Son aspect pourrait convenir à la date donnée par le document cité. Son emplacement dans la nef la placerait dans la
petite partie réservée aux idèles. La conclusion serait sans
hésitation afirmative si le débouché vers le sud ne se faisait
pas alors à l’intérieur de l’ancienne cour paléochrétienne
entourée d’un portique, déinissant une surface qui semble
bien dépendre du palais, donc de la juridiction épiscopale.
D’autre part, ses jambages étaient intimement liés à la section de mur qui les contenait, du moins le jambage oriental,
ce qui ne conviendrait pas à une ouverture percée après coup
dans une élévation existante. Par voie de conséquence, il faut
penser que la porte en question, d’usage très particulier et
secondaire, aurait été aménagée dans le mur sud du vestibule,
anticipation du portail « Renaissance » (voir supra, chap. 2)
Au commencement de la fouille, quelques tombes ont été
retrouvées, au niveau des arases des murs antiques, dans la
partie sud-ouest de la place Formigé (ig. 123 et 124). Une
autre surface avait été épargnée, au-dessus des arases du
mur de façade de la domus épiscopale antique, au contact
avec la façade du palais médiéval du XIVe siècle (ig. 132
et 134). À l’origine du cimetière, au XIIe siècle au moins,
à l’intérieur de la cité, la surface était donc sufisamment
disponible, signe du peu de densité du bâti. Sur le terrain,
l’état généralement bouleversé des squelettes s’explique déjà
par les superpositions dont ils furent l’objet, illustration de la
densité des inhumations entre époques médiévale (ig. 124)
et moderne (ig. 123), distinction dont il faut reconnaître le
caractère approximatif. Les terrassements effectués lors de
la suppression des restes du cimetière au XVIIIe siècle et de
l’évacuation des ossements rendent compte de la situation.
Isolées à la surface de la fouille et épargnées en raison de
leur plus grande profondeur, quelques tombes aux coffrages
très complets peuvent remonter à l’époque de constitution
du cimetière. Des objets furent recueillis dans l’ensemble
occidental, un pégau de céramique grise dans la strate inférieure (ig. 124, objet perdu), une chape de ceinture, une
chaînette, quelques boucles de ceinture et des appliques en
forme de rosettes à quatre pétales, décor également d’une
ceinture81 (voir infra).
Pour H. Espitalier qui ne pouvait pas connaître le
cimetière découvert en 1979 au nord de la nef SaintEtienne, utilisé antérieurement, ces traces auraient montré
que le premier champ de repos fut placé au-devant de la
cathédrale, sous les fenêtres de l’évêché82. Il n’est pas
improbable de penser qu’il y eut substitution de l’un à
81. Ces objets avaient été déposés au Laboratoire de Restauration
de Draguignan.
82. Espitalier, Le chapitre, p. 701.
270
LE GROUPE ÉPISCOPAL DE FRÉJUS
l’autre lors de la désaffectation du cimetière nord pour la
construction d’un îlot de maisons dans la dépendance du
chapitre. Les dates suggérées par le matériel céramique
récupéré dans le contexte de ces maisons concorderaient
avec un tel processus (voir infra, chap. 9).
Ce cimetière fut celui de la cité pendant la période
médiévale, avant une nouvelle implantation, en 1498 (voir
infra, chap. 7) suburbaine cette fois, à l’extérieur du portale
dictum vulgariter lo portalet del conseilh (…) versus turrim
de Malons. À cette date, la désaffectation était souhaitée
par la commune car, situé au centre de la ville, la surface
destinée aux inhumations était jugée trop petite et gênante
en raison des exhalations fétides à l’entrée de l’été (…) dixerunt et exposuerunt dictam universitatem Forojulii habere
cimeterium, in quo sepelliuntur cadavera deffunctorum
ante ecclesiam predicte civitatis, exiguum et nimis parvum
et quod pejus est dampnosum dictis dominis de capitulo et
universitati propter innumerabiles fectores a dicto ciminterio et praecipue tempore estatis venientes, petentes et
humiliter requirentes illud prophanari et aliud ciminterium
in loco honesto ieri et per eundem reverendum dominum
episcopem consecrari in quo corpora sepellientur83. H.
Espitalier situe le nouveau cimetière demandé, consacré
par Nicolas de Fiesque, au nord-est de la ville, à l’endroit
où s’élève aujourd’hui l’Hôtel-Dieu et la chapelle SaintJoseph 84. Mais comme en témoigne la visite épiscopale de
Zongo Ondedei en 1665, au XVIIe siècle, la surface située
au sud de la cathédrale était toujours nommée le grand
Cymetière », à la grande porte (de la cathédrale). C’est en
novembre 1749, sur la demande de l’évêque, que fut décidé
un transfert déinitif depuis la place de la cathédrale pour
un emplacement extérieur au rempart d’alors85. Le cimetière
à supprimer était alors jugé fort vieux tandis que situé au
plus bel endroit de la ville. Selon H. Espitalier86, en 1751, le
cimetière fut placé hors de la ville, sur le chemin de Grasse,
près de l’ancien théâtre romain. Il fut en usage jusqu’en
1810 avant d’occuper son emplacement actuel. En outre, il
existait un cimetière à côté de la chapelle St François dont
il est question en 157287.
83. 1498, 2 septembre ; création d’un nouveau cimetière paroissial,
minutes de Jean Fanguiaire, A.D. Var, 3 E 2317, f° 153 v°-154v°.
84. Espitalier, Les évêques, III, p. 135 ; idem, Le chapitre, p. 701.
85. A .D. Var, BB 27 fol. 794-795, signalement dans les archives
de Paul-Albert Février : il faut le placer près de la tour de prison
jusqu’à celle près du jardin de M. Ferrier.
86. Espitalier, Le chapitre, p. 701-702 ; en réalité, derrière le
théâtre : voir le Plan de la Ville de Fréjus et de ses environs et des
restes existants des constructions romaines, reproduit dans Rivet
et al., Fréjus, ig. 19, p. 24.
87. Espitalier, Le chapitre, p. 701-702.
7 – Les restes dU cimetière méridionaL, étUde
d’accessoires dU costUme (Olivier Thuaudet)88
Le lot étudié contient 42 objets en rapport avec le
costume. Ils sont conservés temporairement au Centre de
Restauration de Draguignan, en attente de restauration. Ces
objets forment deux ensembles, les boucles d’une part, la
bijouterie d’autre part.
Parmi les huit boucles qu’il a été possible d’étudier,
quatre d’entre elles, obtenues par la fonte, présentent un
cadre à double fenêtre semi-ovale. Les extrémités de leur
traverse médiane sont prolongées par une moulure, détail
souvent observé sur les boucles de ce type. La spéciicité
de cet ensemble particulièrement homogène (L x l = 3,4 à
3,8 x 2,9 à 3,1 cm), tient dans le faible développement des
fenêtres : celles-ci sont à peine plus larges que la traverse
centrale. Elles sont également très légèrement concaves.
Un ardillon plat est conservé pour les n° 1 (ig. 152, n° 5),
3 (ig. 152, n° 7) et 4. Dans le cas du n° 1, il est réceptionné
sur la boucle par une dépression au niveau de sa pointe et il
prend place dans un amincissement de la traverse médiane.
Aucune trace ne permet d’envisager que ces particularités
soient le résultat d’un limage. Les objets n° 3 (ig, 152, n° 7)
et 4 présentent encore une chape quadrangulaire simple
à fente pour l’ardillon. Elle est entière pour le premier,
fragmentaire pour le second. Ces chapes, leur ardillon et le
cadre de l’artefact n° 4 ont subi une intense oxydation (en
gris sur le dessin). La boucle du n° 3 est cependant exempte
de toute attaque, le matériau utilisé a donc mieux résisté
au regard de celui employé pour la chape et de l’ardillon.
La morphologie de ces quatre boucles est caractéristique
des XVIe et XVIIe siècles, mais on ne peut à l’aune des
connaissances actuelles rejeter l’hypothèse d’une présence
dans la in du XVe siècle.
Abîmé par l’oxydation, l’artefact semi-ovale n° 6 (ig.
152, n° 1) est le résultat d’une fonte. Il conserve sur sa
traverse distale élargie les traces d’un décor végétal et un
fond de cercles poinçonnés, disposés de part et d’autre d’une
dépression rectiligne destinée à la réception de la pointe de
l’ardillon. La moitié interne du revers de la traverse distale
est biseautée. Des traces d’oxyde de fer sont visibles au
centre de la traverse proximale. Elles sont peut-être à relier
aux fragments d’un ardillon en fer retrouvés dans la pochette
de conservation. La boucle semi-ovale n° 6 appartient à un
groupe, datable du seul XIVe siècle, fréquemment répertorié
dans le Midi-Pyrénées jusqu’à la Provence.
De section circulaire, la bouclette circulaire n° 5 (ig. 152,
n° 4), obtenue par moulage, appartient à un type couramment
attesté dans toute l’Europe de l’Ouest du XIIIe au XVIe
siècle. Elle est ordinairement proposée pour une utilisation
dans la fermeture des chaussures – et quelques découvertes
archéologiques le prouvent – mais on peut aussi envisager
88. Doctorant au LA3M (UMR 7298, Université de Provence/
CNRS).
LA FOUILLE DE LA PLACE FORMIGÉ
271
Fig. 152 – Boucles provenant du cimetière de la place Formigé (dessin O. Thuaudet).
son emploi sur l’habit pour l’attache de petits fragments
d’étoffe ou de petits objets décoratifs.
Les objets n° 7 (ig. 152, n° 3) et 8 (ig. 152, n° 2) sont
pour le moins atypiques. Le premier est en effet confectionné à partir d’un il en alliage cuivreux courbé dont
les extrémités martelées ont été rabattues pour former la
traverse proximale. Aucune trace de brasure n’est visible à
la jointure des deux bouts. Cet unicum conserve un ardillon
plat. Aucun élément ne permet de lui octroyer une datation
typo-chronologique. Le n° 8 est une chape à laquelle se
trouvent encore ixés quelques éléments d’une boucle composite. Ce type de production est de mieux en mieux connu.
L’exemplaire du corpus présente cependant la particularité
de disposer d’une chape qui est semble-t-il issue de fonte,
ce qui est pour le moins exceptionnel, et demande à être
conirmé lors de la restauration. Les boucles composites
sont fabriquées par l’assemblage de deux à cinq pièces
(tôles et tiges) en alliage cuivreux et/ou fer. Elles sont pour
l’instant attestées pour les XIVe et XVe siècles. Du cadre de
la boucle, la pièce n° 8 conserve la traverse proximale dont
les extrémités traversent deux fragments de tôle – ultimes
restes de la traverse distale – au revers desquels elles ont été
matées. Deux cupules – une seule est entière – ont été brasées
sur ces extrémités. L’ardillon de l’artefact forme une tige,
272
LE GROUPE ÉPISCOPAL DE FRÉJUS
puis au niveau du nœud, il s’élargit et s’épaissit fortement.
Il devient alors bombé sur le dessus. La chape, très épaisse,
est divisible en deux. La partie distale est échancrée pour
l’ardillon et ouverte transversalement pour le passage de la
traverse proximale. Quatre dépressions rectilignes issues de
fonte ornent l’avers. Un pan incliné fait la jonction avec la
partie « proximale » de la chape. La bordure de cette zone est
arrondie sur l’avers. Un rivet maté issu de fonte est disposé
au revers, il assurait l’attache, vraisemblablement sur une
courroie de tissu ou de cuir. Cet élément de ixation est assez
surprenant de par ses dimensions assez importantes et son
isolement. Les chapes de ceinture, hormis quelques rares
spécimens de petite taille destinés à la ixation des éperons,
comportent toujours au moins deux perforations pour le
passage de rivets. Cet objet assurait donc très probablement
une fonction particulière qu’il reste à identiier.
La chape n° 42 n’a pu être retrouvée. Une photo dans
le mémoire de maîtrise de Thierry Jullien sur la céramique
des fouilles de la place Formigé89 montre toutefois que son
décor s’apparente à celui de chapes de Rougiers datées du
XIVe siècle90. Son extrémité distale comporte des retraits
pour permettre sa rotation autour du cadre et se caractérise
par l’absence de fente ou de perforation pour l’ardillon,
signe que cet objet s’adaptait soit à une boucle à double
fenêtre, soit à une boucle à agrafe. Cet artefact peut être
typologiquement daté du XIVe siècle et appartient à une
production de chapes originaire du Sud-Est de la France,
vraisemblablement de Provence, si on en juge par la répartition des exemplaires connus.
La partie bijouterie est illustrée par de nombreuses perles
et deux anneaux au jonc bombé à l’avers. Au revers, l’un est
légèrement bombé (n° 9), l’autre est plate (n° 10). L’objet n° 9
(ig. 153, n° 10), en argent, a pu être obtenu par la fonte,
mais l’artefact n° 10, fragmenté et incomplet, conserve la
trace d’une fabrication par martelage. Une portion élargie
du jonc laisse apparaître la trace d’une issure, signe que
l’artisan a cherché à réunir les deux extrémités en employant
le marteau pour les « souder ».
Le corpus de perles est en grande majorité constitué de
spécimens en verre ovoïdes, parfois légèrement annulaires
(ex : n° 39, ig. 153, n° 5), allongés pour quelques-uns (n°
34, ig. 153, n° 6, n° 40, ig. 153, n° 4). La plupart du temps,
leur couleur ne s’est pas conservée. Quelques perles sont
en verre noir (n° 16 à 18), deux autres, biconiques, sont en
verre bleu foncé (n° 12, n° 11, ig. 153, n° 1), une dernière,
allongée et de section quadrangulaire en verre bleu outremer
(n° 41, ig. 153, n° 2). Il est parfaitement visible grâce aux
89. T. Jullien, La céramique à Fréjus (Var) de l’Antiquité tardive
aux temps modernes d’après les fouilles de la place Formigé
(1988), mémoire de maîtrise d’archéologie médiévale, Université
d’Aix-Marseille I, 1988, p. 53, ig. 82, n° 3.
90. G. Démians d’Archimbaud, Les fouilles de Rougiers (Var).
Contribution à l’archéologie de l’habitat rural médiéval en
pays méditerranéen, Valbonne, CNRS, 1980, ig. 469, n° 7 et 9.
inclusions qu’il a été procédé à un étirement de la matière
pour réaliser les extrémités afinées des artefacts n° 11 et
12. Le spécimen n° 18 (ig. 153, n° 8) est orné latéralement
de deux rangées décalées de globules. L’objet n° 35 (ig.
153, n° 7) se caractérise par quatre excroissances latérales,
la perle n° 36 par un bourrelet en relief autour d’une des
perforations. Un deuxième bourrelet, à l’extrémité opposé,
aurait permis un rapprochement avec des exemplaires en
os retrouvés dans les fouilles de Notre-Dame-du-Bourg à
Digne dans des contextes modernes91. Deux perles en os ont
été inventoriées : l’une (n° 19) est dans un état médiocre,
crevassée, rongée par les produits de décomposition, l’autre
(n° 37, ig. 153, n° 3) est sphérique et teintée en vert par
endroit. Des perles de même couleur ont été retrouvées
dans des niveaux de remblai moderne lors des fouilles de
l’église Saint-Blaise d’Arles92. Il est très probable que cette
coloration soit le résultat d’une oxydation due à la proximité de matériaux cuivreux et non le fait d’une opération
volontaire. Trois perles en jais à vingt facettes (n° 14 et 15 ;
n° 13, ig. 153, 2, n° 9) taillées de manière identique ont été
retrouvées dans une même structure. Les perles facettées se
rencontrent de temps à autre dans des contextes funéraires
du bas Moyen Âge et d’époque moderne.
Les contextes ainsi qu’une datation stratigraphique
précise de ces objets n’ont pu être fournis pour le mobilier
référencé au moment de la rédaction de cette étude. On
sait seulement qu’ils sont antérieurs à l’enlèvement des
sépultures opéré au XVIIIe siècle. La datation typologique
concorde avec ces données, à l’exception de la plupart des
perles qui ne sont pas marquées par une évolution morphologique depuis l’Antiquité. Les éléments les plus anciens
clairement datés sont du XIVe siècle, avec notamment la
boucle n° 6 (ig. 152, n° 1) et la chape n° 42. Les plus récents
sont du début de l’époque moderne avec les boucles n° 1 à
4. La nature du mobilier du corpus est en accord avec ce que
l’on peut s’attendre à trouver dans des contextes funéraires.
Boucles, bagues et perles forment le lot commun. Il est à
noter qu’un groupe assez important et homogène de perles
a été retrouvé dans la couche 408 (n° 20 à 41) et un lot plus
petit et plus diversiié dans la sépulture 35 (n° 13 à 19). Cet
ensemble d’artefacts participe donc à l’enrichissement du
corpus des accessoires du costume en Provence, recensant
maintenant plusieurs milliers d’individus. Ce corpus devrait
prochainement donné lieu à une typologie93.
91. Étude en cours.
92. Étude en cours.
93. L’auteur mène actuellement une thèse sur les accessoires du
costume en Provence du XIe au XVIe siècle à l’Université de
Provence. Elle devrait donner lieu à une soutenance en 2013.
273
LA FOUILLE DE LA PLACE FORMIGÉ
1
2
3
4
5
7
8
9
6
10
0
Fig. 153 – Bijouterie provenant du cimetière de la place Formigé (dessin O. Thuaudet).
5 cm
274
LE GROUPE ÉPISCOPAL DE FRÉJUS
annexe : cataLogUe dU mobiLier etUdie
N°
cat.
1
Contexte
H sud, C. 222
Etat de
cons.
Bon
Intégrité
Entier
2
3
H sud, C. 222
L, sépulture L1
Bon
Moyen
Entier
Entier
4
Contexte inconnu
Mauvais
Entier
5
6
Contexte inconnu
Sépulture 10
Moyen
Moyen
Entier
Fragmenté
7
Sépulture 8
Bon
Entier
8
Bon
Fragment
9
AA sud réseau,
C.420
Tombe 15
Bon
Entier
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
Contexte inconnu
H sud, C. 222
H sud, C. 222
C, Sépulture 35
C, Sépulture 35
C, Sépulture 35
C, Sépulture 35
C, Sépulture 35
C, Sépulture 35
C, Sépulture 35
CC, C. 408
CC, C. 408
CC, C. 408
CC, C. 408
CC, C. 408
CC, C. 408
CC, C. 408
CC, C. 408
CC, C. 408
CC, C. 408
CC, C. 408
CC, C. 408
CC, C. 408
CC, C. 408
CC, C. 408
CC, C. 408
CC, C. 408
CC, C. 408
CC, C. 408
CC, C. 408
CC, C. 408
CC, C. 408
A, C. 624
Bon
Bon
Bon
Bon
Bon
Moyen
Mauvais
Moyen
Moyen
Moyen
Moyen
Moyen
Moyen
Moyen
Moyen
Moyen
Moyen
Moyen
Moyen
Moyen
Moyen
Moyen
Moyen
Moyen
Moyen
Moyen
Moyen
Bon
Bon
Bon
Bon
Bon
Bon
Fragment
Entier
Entier
Entier
Entier
Presque entier
Fragment
Fragment
Entier
Fragment
Entier
Entier
Entier
Entier
Entier
Entier
Entier
Entier
Entier
Presque entier
Presque entier
Presque entier
Fragment
Fragment
Fragment
Fragment
Fragment
Entier
Entier
Entier
Entier
Fragment
Fragment
Dimensions
L x l x e max = 3,8 x 3,1 x 0,26 cm ; Ardillon : L x l x e
max = 2 x 0,35 x 0,13 cm
L x l x e max = 3,4 x 2,9 x 0,25 cm
L x l x e max = 3,5 x 2,9 x 0,24 cm ; Chape : L x l = 2,8 x
2 cm ; Ardillon : L = env. 2 cm
L x l x e max = 3,5 x 3,1 x 0,28 cm ; Chape : l = 1,8 cm ;
Ardillon : L x l = 2 x 0,3 cm
d x l x e = 1 x 0,12 x 0,1 cm
L x l x e max = 4,8 x 7,2 x 0,34 cm ; Ardillon : l x e max =
0,7 x 0,32 cm ; e traverse distale conservée = 0,24 cm
L x l x e max = 1,7 x 2 x 0,23 cm ; d il = 0,18/0,19 cm ;
Ardillon : L x l x e max = 1,7 x 0,26 x 0,12 cm
Chape : L x l x e = 4,4 x 1,85 x 0,16/0,17 cm ; Ardillon : L
x l x e max = 1,1 x 0,45 x 0,24 cm
d externe x d interne x l x e = 1,9/2,05 x 1,8/1,9 x
0,18/0,22 x 0,07/0,11 cm
d reconstitué x l x e = 2,1 (?) x 0,41/0,57 x 0,07/0,09 cm
L x d = 1,1 x 0,41 cm
L x d = 1,05 x 0,43 cm
h x d = 1 x 1,1 cm ; d perforation = 0,27 cm
h x d = 1,05 x 1,1 cm ; d perforation = 0,23 et 0,25 cm
h x d = 1,1 x 1,15 cm ; d perforation = 0,25 et 0,26 cm
h mini x d mini = 1,3 x 1,2 cm ; d perforation = 0,37/0,44 cm
h x d = 1,1 x 1,15 cm ; d perforation = 0,27 et 0,3 cm
h mini x d mini = 1,2 x 1,3 cm
h x d = 1 x 1,2 cm
h x d = 1,15 x 1,3 cm
h x d = 0,95 x 1,1 cm
h x d = 0,8 x 1,2 cm
h x d = 1,05 x 1,25 cm
h x d = 1,1 x 1,15 cm
h x d = 1,05 x 1,15 cm
h x d = 1,1 x 1,2 cm
h x d = 1,05 x 1,15 cm
h x d = 1 x 1,3 cm
h x d = 1 x 1,3 cm
h x d = 1,05 x 1,3 cm
h x d = 1 x 1,1 cm
h x d = 1 x 1,2 cm
h x d = 1,4 x 1 cm
h x d = 1 x 1,3 cm
h x d = 1,2 x 1,2 cm
h x d = 0,58 x 0,62 cm ; d perforation = 0,28 cm
h x d = 1 x 1,2 cm ; d perforation = 0,22 et 0,29 cm
h x d = 1 x 1,2 cm ; d perforation = 0,28 cm
h x d = 0,85 x 0,8 cm ; d perforation = 0,27 et 0,3 cm
l = 0,57/0,58 cm
L x l = 6,3 x 1,3 cm
Masse
(en gr.)
6,45
5,46
17,19
5,16
0,22
22,88
1,65
9,29
0,77
1,1
0,17
0,15
0,66
0,78
0,89
1,91
0,1
0,99
2,44
1,91
2,01
1,62
1,66
1,66
1,81
1,58
1,76
1,52
1,67
1,86
1,83
1,35
1,29
1,55
1,13
1,91
0,2
1,73
1,76
0,37
0,27